À Thenailles, dans l’Aisne, Olivier Philipponneau propose des balades d’une heure à dos de dromadaires. Un moment inoubliable au plus proche de l’animal.
Après deux heures de route à travers la campagne isarienne puis axonnaise, nous arrivons au domaine de Fay, à Thenailles. Habillés de pantalons larges et de baskets, on aperçoit tout de suite les quatre dromadaires, prêts à être montés. Olivier Philipponneau, installé ici depuis trois ans, nous accueille et nous emmène dans la pâture, où les autres dromadaires paissent. Nous sommes tout de suite dépaysés, impressionnés de se retrouver à côté de si grands animaux. « J’en ai une dizaine en tout. Ce sont des animaux calmes mais comme tout animal, ils restent imprévisibles. S’ils s’approchent de vous levez un bras, ça les calmera ». Olivier Philipponneau présente ses dromadaires un à un.
Ce premier contact établi, il est temps de sortir de l’enclos et de choisir une bombe à la taille de chacun. Olivier Philipponneau attache les quatre dromadaires les uns aux autres, Moïse, le dominant âgé de 10 ans, au centre. Il les fait se coucher. « Vous allez monter un par un, vous vous asseyez et vous vous penchez en avant dès que vous êtes installés. Ensuite, dès que le dromadaire se lève, vous vous penchez en arrière, mollets serrés. Il ne faut pas chercher l’avant, c’est ce qui risquerait de vous faire tomber ».
Adrien monte le premier, sur Suhail, un mâle de 11 ans. Jade, Laureline et Florian s’installent ensuite. Pour ma part, le rôle de journaliste et de photographe m’attend d’abord. Les quatre dromadaires se lèvent en même temps. « Levez tous une main pour voir si vous êtes prêts à partir et à repousser des branches qui vous gênent. » J’appréhende le moment où je devrai à mon tour me basculer d’avant en arrière rapidement.
Je tiens la longe de Moïse sur quelques mètres, les trois autres animaux me suivent. Impressionnant. Olivier Philipponneau reprend les rennes. « Marcher ! », lance-t-il fermement aux quatre animaux, en avançant à reculons pour être face à eux. Il les dirige vers les champs voisins. Dépaysement total dans la campagne picarde. Aucun bruit, aucune voiture, aucune présence humaine.
À mon tour de monter sur Moïse, à Florian de filmer. Je m’installe sur la scelle en tissu, me penche en avant, contre la bosse de l’animal, « une réserve de vitamines graisseuses ». Le dromadaire se lève en deux temps, je me penche en arrière. Le moment que j’appréhendais est passé à toute vitesse. J’ai l’impression d’être sur un grand cheval, sauf que la scelle est bien plus confortable. « Un cheval mesure environ 1,70 mètre au garot. La taille des dromadaires varie selon leur âge. Par exemple, Epha, qui a 6 ans, fait 1,70 mètre, alors que Moïse et Suhail font 2,10 mètres« . 2,10 mètres ! Dire que je n’étais jamais montée plus haut que sur un double poney ! Chacun se détend, le dos droit légèrement en arrière. Il n’y a pas d’étriers, nos pieds tombent naturellement en avant. « Si les dromadaires viennent se coller à vous, donnez-leur des coups de pied, ça ne leur fait pas mal ».
Olivier Philipponneau propose des promenades jusqu’à six personnes. « Pour plus de confort, l’idéal est une balade à quatre. » Deux sortes de balade existent : à la file indienne, ou en ligne, comme ce dernier la pratique. « Beaucoup de gens viennent pour des événements spéciaux. Des enterrements de vie de jeune fille par exemple. C’est aussi agréable en couple. Les enfants peuvent venir avec leur parent, ils montent à deux. » Et pas de limite d’âge pour une balade à dos de dromadaire : « Je fais monter des gens de 80 ans. Ça dépend de la souplesse de chacun. À l’inverse, certains n’en sont plus capables à 40 ans. » Original, puisque deux passionnés seulement proposent de monter le dromadaire et de travailler avec l’animal. Même si plusieurs organisent des baptêmes lors d’événements.
« Allez on va faire un petit exercice. Faire asseoir les dromadaires puis les relever. » Outch. Moïse s’agenouille. « Penche-toi en avant ! » Je bascule contre la bosse. « Oh putain ! » « Non non, pas besoin de gros mots » me taquine Olivier Philipponeau. Je suis en équilibre durant quelques secondes, qui me semblent des minutes… Moïse plie enfin les pattes arrières et je retrouve la stabilité. « Marcher ! »
« Il y a 1 000 dromadaires en France environ. Ils sont importés d’Europe. J’ai découvert la course de dromadaires en Tunisie« , raconte Olivier Philipponneau pendant que nous prenons de nouveau confiance sur le dos des animaux. Avant de s’installer dans l’Aisne, il travaillait dans un parc au Futuroscope. « Je participe à des événements dans toute la France pour présenter le dromadaire, faire des baptêmes et de la pédagogie. Je fais partie d’une association qui réunit les jokers de dromadaires, même si on a un petit niveau par rapport à ces pays. Mais on voyage, on découvre le monde. L’objectif est de les dresser comme des chevaux. » Le passionné a récemment monté la Fédération Française des Chameaux de Bactriane et des Dromadaires.
Si l’on est peu rassurés lors des premiers mètres, on se rend rapidement compte qu’Olivier Philipponneau connaît très bien ses animaux. Et même s’il nous taquine tout au long de la balade avec des « attention, ils peuvent partir très vite et rentrer à la maison!« , un climat de confiance règne. On sait bien que si cela venait à se produire, il saurait nous crier les bons conseils pour ne pas paniquer sur l’animal.
« Allez, on va trotter un peu ! » On se regarde, hésitants. Les dromadaires partent légèrement plus vite et contre toute attente, c’est moins impressionnant que sur un poney. On ne rebondit pas sur la scelle dans tous les sens, on reste stables.
La balade se termine au pas, en discutant et en riant beaucoup. Olivier Philipponneau a su définir les points faibles de chacun et nous donner des conseils, toujours avec humour pour les améliorer. Après plus d’une heure sur l’animal, on a l’impression d’avoir énormément appris. Retour au domaine de Faye, où chacun descend plus confiant du dos de l’animal, avant de le mener, à pied, jusqu’à l’écurie.
Et à Florian de conclure cette journée : « Ça valait le coup de faire deux heures de route! » C’est certain, on reviendra.
Léa Czns, Florian, Jade Czns & Laureline
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