Loin des stéréotypes, la Picardie est une terre d’inspiration pour les écrivains. Ses jolies stations balnéaires mais aussi ses châteaux et ses cathédrales ont inspiré de nombreux auteurs très connus. Passage en revue.
Il y a ceux qui y ont vécu, ceux qui sont venus y passer leurs étés, et ceux qui ont été subjugués par leur passage dans la région. Pour tous, la Picardie a inspiré une partie de l’oeuvre littéraire.
Jules Verne, l’enfant adoptif du pays
Tous les amiénois le savent, Jules Verne a vécu plus de 30 ans dans la préfecture de la Somme. La ville est également sa dernière demeure, puisqu’il y est enterré. La maison dans laquelle il a vécu près de 20 ans est désormais ouverte au public. L’auteur aimait aussi la côte picarde, et notamment Le Crotoy, où il louait une maison. Là, il a écrit 20 000 lieux sous les mers et L’île mystérieuse. « Sur le désir de ma femme je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint Michel reste amarré au Crotoy », écrit Jules Verne dans une lettre en 1871.
L’Oise et ses forêts ont enchanté les auteurs
Plusieurs auteurs ont particulièrement apprécié leur passage dans l’Oise. À en croire son récit La Bohème Gallante, l’écrivain et poète du XIXe siècle Gérard de Nerval a été marqué par son passage à Senlis. Pourtant habitué des voyages – il a traversé une partie de l’Europe et de l’Afrique du Nord – l’auteur semble avoir été subjugué par la beauté de la ville picarde et des forêts alentours, celles de Chantilly et de Compiègne notamment. « Je quitte Senlis à regret, écrit-il. Je me plaisais tant dans cette ville où la renaissance, le Moyen-Âge et l’époque romaine se retrouvent çà et là. »
Jean-Jacques Rousseau, le célèbre philosophe, est lui aussi passé sur les terres picardes. Il a vécu les derniers instants de sa vie dans l’Oise, à Ermenonville, où un parc porte désormais son nom. Il s’y était installé pour des raisons de santé, son médecin lui conseillant de séjourner à la campagne. Il n’aura le temps de rien écrire, puisqu’il décèdera seulement six semaines après son arrivée, mais la beauté de sa nouvelle demeure aurait tout de même inspiré l’auteur. Selon le récit d’un de ses amis, Jean-Jacques Rousseau aurait dit, en arrivant : «Il y a longtemps que mon cœur me faisait désirer de venir ici et mes yeux me font désirer d’y rester toujours (…) Vous voyez mes larmes, ce sont les seules de joie que j’ai versées depuis bien longtemps, et je sens qu’elles me rappellent à la vie. » Le philosophe a été enterré au cœur du parc d’Ermenonville. Son tombeau y est toujours, mais ses cendres ont été, plus tard, transportées au Panthéon.
Une scène de l’Education sentimentale, de Gustave Flaubert, se déroule à Creil, au sud de l’Oise. Dans ce grand classique de la littérature, la ville est ainsi décrite : « La ville, construite au versant de deux collines basses (dont la première est nue et la seconde couronnée par un bois), avec la tour de son église, ses maisons inégales et son pont de pierre, lui semblait avoir quelque chose de gai, de discret et de bon. »
La baie de Somme a la cote
Plusieurs auteurs ont été inspirés par la côte picarde. À Saint-Valery-sur-Somme, un portrait de Victor Hugo atteste de la présence du poète dans la ville. C’est là qu’il a écrit Oceano Nox, poème qui fait partie du recueil Les rayons et les ombres. L’auteur ne s’est pas contenté d’une seule ville de la baie de Somme et a visité une bonne partie de la Picardie maritime. Il décrit notamment, dans des lettres, les côtes d’Ault, de Cayeux et de Saint-Valery.
Anatole France a lui aussi passé quelques temps à Saint-Valery-sur-Somme, ville décidément bien attirante. Dans une lettre, il écrit : « Nous sommes ici dans un pays rude. La mer y est jaunâtre, c’est à peine si parfois elle bleuit au loin, vers le large. (…) Le ciel est gris et pluvieux. L’eau n’a pas de sourires et le vent n’a pas de caresses. (…) Saint-Valery ne plait point aux étrangers. Et c’est aussi pour cela qu’on l’aime. » Si la description qu’il en fait est à première vue peu reluisante, c’est pourtant là qu’il a rédigé une partie de Pierre Nozière.
Colette, l’auteure de la série Claudine, a passé de nombreux étés au Crotoy. Elle y a écrit plusieurs nouvelles, notamment En baie de Somme et Partie de pêche, qui font toutes deux parties du recueil Les vrilles de la vigne. « La baie de Somme, humide encore, mire sombrement un ciel égyptien, framboise, turquoise et cendre verte. La mer est partie si loin qu’elle ne reviendra peut-être plus jamais ? »
Les Picards natifs
L’écrivain Alexandre Dumas père est né dans l’Aisne, à Villers-Cotterêts. Pas étonnant, donc, de retrouver ce département dans ses écrits. Dans ses mémoires, le célèbre auteur des Trois Mousquetaires parle de la région de son enfance. Un lieu également présent dans le roman Le Meneur de loups, où le moulin de Coyolles, petite ville de l’Aisne, est décrit avec précision.
Dans un autre genre et plus contemporain, Edouard Louis s’est inspiré de son enfance Picarde pour son best-seller En finir avec Eddy Bellegueule. Là, pas question de faire l’éloge des paysages picards et de leur pouvoir à favoriser la création. Au contraire, ce sont les souffrances de sa vie en Picardie – il a grandi à Hallencourt, dans la Somme – qui inspirent l’auteur.
Lucile Descamps
Photos : Elodie Del, Elodie, Laurie F, Ombéline, Quentin L
merci pour ce beau reportage mais vous avez oublié JEan de la fontaine chateau thierry dans l’aisne
Liste non exhaustive j’espère, vous avez oublié de citer entre autres, Jean de la Fontaine, né à Château Thierry.
Un webdoc a été réalisé par l’UPJV sur le sujet: http://canalnord.org/ancrages-passages