Fraises, pommes de terre, salades, iris… À la cueillette de Saint-Gratien, on fait nos courses nous-mêmes, en plein air, dans un cadre idyllique.
À 15 minutes d’Amiens, en pleine campagne, de nombreuses voitures sont garées dans le petit village de Saint-Gratien. Munis de brouettes, paniers, sacs, les gens attendent patiemment, tous espacés d’un mètre. Après s’être lavé les mains au gel hydroalcoolique, normes de sécurité obligent en ce moment, chacun se disperse à travers les 15 hectares de la cueillette de Saint-Gratien. À droite, les iris, puis les fraises. Tout droit, les aromatiques. À gauche, salades, pommes de terre, choux, et bien d’autres légumes encore. L’endroit est calme, avec vue sur le parc du château.
“Je me suis installé ici il y a un peu plus de 20 ans, comme agriculteur, explique Vincent. Mes parents avaient mis en place une cueillette de fraises, puis ils ont arrêté. Je l’ai relancée à mon installation.” En plus des fraises, il propose ensuite la cueillette d’asperges, puis aménage un verger. “Ça me trottait dans la tête de rejoindre le groupe Chapeau de paille, qui réunit 33 cueillettes sur toute la France. Je n’avais jamais franchi le pas, ça me faisait peur au niveau de l’amplitude de travail.” En 2012, un fournisseur lui annonce qu’un producteur de fraisiers doit s’installer. “Je me suis lancé, je me suis dit qu’après, ce serait trop tard.”
Huit hectares accueillent alors le public. “J’ai ensuite planté des aubergines, je n’y connaissais rien. J’appelais mes collègues du groupe, où il y a une vraie entraide. Ensuite, ça a grandi assez vite.” Les surfaces sous abris voient alors le jour, des fraises sont plantées sous serre.
“On n’a pas le label bio, mais je me dis qu’on fait mieux. On n’utilise pas de produit phytosanitaire. On travaille à la protection biologique, on est complètement transparent avec les clients. Notre verger est assez traditionnel, on utilise la confusion sexuelle pour ne pas que les papillons fassent de vers dans les pommes.”
Une dizaine de personnes travaille à la cueillette : trois vendeuses et sept personnes en production. “C’est une entreprise familiale, en ce moment, ma fille qui est en troisième est à la caisse, ça l’occupe pendant le confinement !” Côté production, “les salariés sont qualifiés, ils ont de véritables compétences techniques.” Vincent travaille en ce moment presque 7 jours sur 7 sur le terrain. Sa cidrerie, qui alimente habituellement les restaurants, ne fonctionne plus depuis le confinement. “On a eu beaucoup de chance de pouvoir travailler. Lorsqu’on plantait, en février, on ne savait pas si on plantait pour quelque chose. Et en avril, il est temps d’ouvrir ! On a beaucoup investi.”
Cette année, la cueillette de Saint-Gratien a peu communiqué, ses habitudes étant bouleversées par le coronavirus. “D’habitude, on installe des panneaux à Amiens, on fait de la pub à la radio, sur Facebook.” Pourtant, “il y a énormément de monde, c’est incroyable ! On est organisé pour respecter les normes. C’est la première année que les gens nous remercient. Ils ne râlent pas en faisant la queue, ils sont très contents de prendre l’air, même si on a perdu notre âme de parc d’attraction. Ce n’est pas une période agréable, le côté anxyogène est toujours présent.”
Habituellement, des animations sont proposées aux enfants le mercredi, des jeux sont installés sur place. “En septembre, on fait des ateliers pressage de pommes puis dégustation de jus de pomme. Pour Halloween, c’est sculpture sur courge et chasse aux araignées, et à Pâques, une chasse aux oeufs.” 2 200 scolaires sont accueillis chaque année. Une ferme pédagogique avec chèvres, poules, cochons se trouve au fond de la cueillette.
“Beaucoup de gens viennent en balade, alors on essaie de stopper les gros groupes.” Car s’il est déjà très agréable de cueillir soi-même ses légumes, fruits et fleurs, il faut avouer qu’il est aussi très plaisant de prendre un grand bol d’air pur en marchant entre les grandes allées de culture. “On a toujours proposé des fleurs. C’est seulement 10% du chiffre d’affaire environ, mais ça embellit le cadre. On a eu des champs de tulipes pendant quatre semaines, c’était magnifique.”
Certaines personnes n’hésitent pas à faire 45 minutes de route pour se rendre à la Cueillette de Saint-Gratien. “Les gens ont envie d’avoir des produits frais, et on ne peut pas faire mieux ! Les salades tiennent une semaine, les tulipes idem. Il n’y a pas de transport. On retrouve le goût et on peut faire nos courses pour une semaine.”
Avant de régler sa cueillette, le client peut découvrir une boutique qui propose des produits locaux : chèvre, viande, poulet, crème fraîche, yaourts, miel… Une autre cueillette existe dans l’Oise, près de Méru. Elle n’est autre que celle du neveu de Vincent !
Léa & Nicolas
La cueillette de Saint-Gratien est ouverte du 15 avril au 15 novembre. Plus d’infos sur leur site internet, leur page Facebook ou leur compte Instagram.
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