À Bornel, dans le sud de l’Oise, Amélie fait découvrir l’histoire de la Tunisie en vendant des produits qu’elle a découverts là-bas.
“Devinez ce que c’est !” Amélie pointe du doigt un objet ressemblant à une éponge de mer, que l’on n’avait jamais vu… “C’est un loofah. Une cucurbitacée, entre la courgette et le concombre. Ça existe depuis les pharaons. En Tunisie, on s’en sert comme éponge de gommage.” Les éponges de mer, auxquelles le loofah fait penser, se trouvent juste à côté. “Elles sont lavées et traitées pour le corps. Elles ont été pêchées au trident.”
Amélie vend également des savons et des foutas. Le point commun de tous ces objets ? Ils viennent de Tunisie. “J’ai eu un énorme coup de coeur pour ce pays. Lorsqu’il y a eu la révolution, je me suis demandé si, à mon échelle, je pouvais faire quelque chose pour aider les Tunisiens.” Amélie lance alors Les Secrets d’Elissa. Et comme vous l’auriez compris, Elissa n’est pas son prénom, comme certains clients peuvent l’imaginer.
“Elissa est la fondatrice de Carthage. Elle a fui son pays pour arriver sur les côtes tunisiennes. On lui a donné une peau de boeuf, qui représenterait la taille de son futur terrain, soit un tout petit endroit. Elle l’a découpée en très fines lamelles pour créer une grande ville. J’ai choisi ce nom d’abord parce que c’est une femme, et ensuite parce qu’elle a montré qu’il était possible de quitter son pays, de fuir la guerre, et de réussir.”
Amélie travaille à Paris, dans le marketing. La solution la plus simple pour qu’elle puisse soutenir le pays qu’elle aime tant, était donc de vendre en ligne. “Je gère le site le soir et la nuit. Je fais également quelques marchés autour de la maison.” Mais finalement, 60% de ses ventes sont locales. “Des gens âgés achètent un foutas pour leur fauteuil, pour la maison de retraite. Ça me touche beaucoup”, sourit Amélie.
Les foutas qu’elle vend viennent d’une production traditionnelle tunisienne. Ils sont 100% en coton et mesurent 2 mètres sur 1 mètre. “Ils sont tissés à la main par des hommes, car les métiers à tisser sont très lourds. Les femmes ajoutent les cordons. Ça ne bouge pas, et plus on les lave, plus ils sont doux.” Amélie connait la Tunisie sur le bout des doigts et n’hésite pas à nous raconter les traditions du pays. “Il y a 70 ans, les femmes s’habillaient avec un fouta. Aujourd’hui, ça sert un peu à tout. Il existe plein de tissages différents.”
Amélie ne connaît pas que le pays. Elle connaît également les artisans qui réalisent les produits qu’elle met en vente. “Ils peuvent réaliser sur commande un fouta de la couleur que le client demande. Au départ, je ne vendais que des foutas !”
Aujourd’hui, il y a donc également les loofah et éponges de mer, mais aussi les couffins, des paniers qui, comme leur nom l’indique, servaient de couffins. Amélie a rencontré chaque producteur en Tunisie. “Dans les villages, on voit les gens qui font les produits chez eux, puis on rencontre quelqu’un qui connait quelqu’un… C’est le hasard des rencontres.”
Il est aussi possible d’acheter des pochettes en palmier ou des savons 100% naturels. “Ils sont faits par un maître savonnier, par saponification à froid, c’est beaucoup plus doux pour la peau. Ce sont presque des soins. Je n’ai que des bons retours.” Leurs bienfaits sont nombreux et parfois surprenants : anti-pores dilatés, exfoliant, tonifiant, revitalisant, anti-points noirs, anti-tâches…
Cela fait deux ans qu’Amélie n’est pas retournée en Tunisie, mais elle garde contact avec les producteurs. “J’espère y retourner. Je parle tunisois, la langue de Tunis. Nous avons des relations amicales, presque familiales. Ils m’appellent ma fille.” Leur fille picarde, amoureuse de ce pays lointain.
Plus d’infos sur sa page Facebook, son compte Instagram et son site internet.
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