Angélique Vinchon est art-thérapeute depuis 2018. Elle intervient en institution, mais propose également des séances à domicile ou dans son cabinet, à Péronne.

Crayons et feutres, argile, créations en tissu… Cette pièce très colorée et remplie de créativité est bien plus qu’un simple lieu d’ateliers. Nous sommes à Péronne, chez Angélique, qui est art thérapeute depuis 2018. « L’art thérapie est une psychothérapie par l’art, ce n’est pas reconnu par l’Etat. Elle s’adresse à tout le monde, il n’y a pas besoin de savoir dessiner ni d’avoir de compétences artistiques. On s’intéresse à ce qu’on ressent, ce qu’on va projeter.«
« Avant, j’étais éducatrice spécialisée. J’ai toujours aimé utiliser des médiations artistiques, mettre en place des ateliers. Je me suis formée à la peinture, au djembé… Je travaillais dans le milieu du handicap physique et en psychiatrie adulte et enfant, il se passait énormément de choses lors des ateliers. » Angélique a voulu changer de vie, et s’est ainsi tournée naturellement vers l’art thérapie.

« Je voyais des gens arriver éteints, déprimés, et ils sortaient de bonne humeur ! J’ai voulu exploiter ça. » Elle obtient alors un master Art et psychanalyse. « Les études et formations sont importantes, mais le plus important, c’est de travailler sur soi.«
« Mettre l’art thérapie au service de tous »
La professionnelle s’installe alors à Péronne à son compte, et commence à travailler en tant qu’intervenante pour une association qui accueille des adultes en psychothérapie, puis en unité Alzheimer. 80% de son temps est passé en institution, auprès d’enfants de 6 ans, jusqu’à des adultes de 100 ans. Angélique travaille avec des partenaires, fait partir du réseau parentalité, intervient auprès d’adolescents, de personnes victimes de violences conjugales… Tout cela dans le but de « mettre l’art thérapie au service de tous« .
Retrouver un mieux être
Les 20 autres pourcent de son temps, l’art thérapeute les passe dans son cabinet, ou à domicile. Elle propose des suivis pour tous. « La thérapie peut être brève, comme longue. L’objectif, en général, c’est de dépasser des difficultés relationnelles, émotionnelles ou familiales pour retrouver un mieux-être.«

La peinture, l’écriture, le textile, l’argile, le collage ou encore le dessin permettent d’aider. « Quand les choses sont refoulées, les mots peuvent être bloqués, il y a un chantier dans la tête qui peut créer des problèmes somatiques, des maux de tête, de dos, de l’eczema. Le fait de travailler avec les sens remet la personne dans un mouvement de vie, l’inconscient fonctionne comme ça. »
L’art thérapie peut ainsi s’adresser à des personnes qui n’ont pas envie de parler, puisqu’il s’agit d’une thérapie non verbale. « Certaines ont un attrait manuel créatif, d’autres sont en thérapie depuis longtemps mais ont encore des blocages« , précise Angélique.

Le premier rendez-vous est un entretien lors duquel la personne explique pourquoi elle vient, pour les enfants, un pré-entretien a lieu avec les parents. « On parle de choses, mais des fois, d’autres choses sont cachées derrière. » Angélique donne ensuite une consigne dans le cadre de l’espace créatif. « La personne va tout doucement accéder à elle-même, il y a ensuite un temps d’échange, si la personne le souhaite.«

C’est ainsi que j’ai pu, les yeux fermés, bercée par le son d’un carillon japonais, toucher et ressentir l’argile. Un moment apaisant, avant de laisser aller mes mains réaliser ce qu’elles souhaitaient, cette fois yeux ouverts, avec différents outils. Le rendu final, suivi d’un échange avec Angélique, a laissé place à beaucoup d’émotion. « L’argile absorbe les tensions, les blocages. »

Autre technique proposée par Angélique : le jeu de sable, une méthode suisse des années 50. Les enfants, mais aussi les adultes, utilisent des figurines, des animaux, et un bac à sable. Une technique très utilisée avec les enfants, puisqu’elle ne demande aucune connaissance, mais lui permet de faire évoluer une histoire, et à la thérapeute de relever des problématiques. « Là où l’enfant va placer ses personnages, la manière dont ils sont tournés les uns vers les autres, tout a un sens. » Ce jeu de sable, c’est aussi « la liberté de s’exprimer sans jugement, sans intervention. Je laisse faire vivre l’histoire pour qu’elle puisse se dénouer. »
Léa et Jade